Eveilleuse d'étincelle intérieure…

Shiva Shaffii, coauteure avec la « Team’épuisée » du Livre de chevet du parent épuisé (éd. First) et du blog Parent épuisé.

« Ce Livre de chevet du parent épuisé, c’est le dérivé du blog et d’une page Facebook qu’on a commencé à animer en mai 2016. Notre ligne éditoriale, c’est de parler de la parentalité, la vraie, telle que nous la vivons, nous. Je me suis lancé dans ce blog parce que quand j’allais sur Google et que je tapais ‘famille’, je ne trouvais que des familles parfaites: des tas de sites de mamans qui vantent les mérites de la parentalité parfaite – de laquelle sont d’ailleurs absent le père. Tout y est formidable: des photos d’intérieurs parfait, des chambres d’enfant parfaites… rien à voir avec ce que je vivais, moi. C’était impossible de voir des photos de la vraie vie. C’est parti de là. On a commencé à poster des infographies humoristiques sur Internet avec mon illustratrice Elisa Bastet et ces premières illustrations ont été un gros carton.

« La joie des réveils la nuit »

On s’est rendu compte en lisant les commentaires des gens qu’il y avait une vraie douleur par rapport à ça, et un vrai sujet. Du coup on a lancé Parent épuisé.  On y traite des galères du quotidien sous forme humoristique. Il y a la rubrique ‘couteau suisse’, avec des trucs et astuces pour les parents, comme par exemple comment ne pas se faire découvrir quand on fait la petite souris. Il y a la rubrique ‘ah si j’avais su’, avec un panorama des petites galères: la joie de la rentrée des classes, des départs en vacances, des réveils la nuit…

Les galères de parents qui reviennent le plus souvent? Le sommeil perturbé – une des principales galères qu’on nous rapporte -, la fatigue, les problèmes dans le couple, la patience, la logistique, les week-ends qui n’en sont pas… la vie des parents, quoi.

Notre message militant, c’est de dire que ce n’est pas parce qu’on est parent qu’on est obligé d’être nunuche ; qu’être parent ce n’est pas que les mamans mais aussi les papas et que ce serait bien qu’ils soient plus mis en avant ; qu’on a le droit de dire qu’on galère et qu’on a envie de prendre soin de soi sans être traité de parent indigne.

« C’est difficile aujourd’hui d’être parent »

C’est difficile aujourd’hui d’être parent. Il faudrait leur décerner une médaille. Il faut être parfait sur le plan professionnel comme sur le plan personnel. Il faut réussir sa carrière, mais en même temps ce n’est pas bien de laisser trop longtemps son enfant chez la nounou parce que c’est elle qui va l’éduquer. Il faut faire de l’éducation positive et jouer avec son enfant, mais le soir on est fatigué… C’est un peu mission impossible et c’est hyper culpabilisant.

Et puis il y a tous ces conseils d’experts… il y en a trop sur tous les sujets. Et plus on en lit, plus on est angoissé. C’est comme quand on est enceinte et qu’on lit les sites médicaux, on a l’impression que l’on va mourir dans la minute. Là c’est pareil. Il y a une vraie pression sociale sur les parents. Sur les mamans, mais aussi sur les papas. Cette pression, il faut la lâcher.

« Pas facile non plus pour les papas »

Les papas non plus n’ont pas la tâche facile: s’ils ne s’en occupent pas, on dit que ce sont des mauvais pères, mais s’ils s’en occupent trop ce sont des papas poules… Il faut aussi dire qu’il est normal que l’équilibre du couple après l’arrivée des enfants soit chamboulé, que l’on a l’impression avec un nourrisson que l’autre fait mal les choses. C’est encore très tabou tout ça.

C’est essentiel d’en parler et ce livre est aussi une façon de dire: il y a pleins de façons de faire, arrêtez d’être aussi exigeants! Il faut dire aux parents: ‘vous n’êtes pas parfaits, votre enfant ne le sera jamais non plus’. Il faut prendre du bonheur dans ces petites choses du quotidien et transformer ces petites galères en choses rigolotes. »